Après ma première découverte en 1993, le Népal est devenu ma seconde Patrie. Je crois qu’il n’y a pas eu une seule année à ce jour sans que je me rende au Népal en voyage. Il est devenu essentiel à ma vie, il m’a tout apporté… Je lui dois tout.
Novembre 1995, Langtang, Népal. La technique de la Marlboro. À l’époque, je ne fumais pas. Mais j’emportais toujours avec moi, lors de mes voyages, une cartouche de Marlboro. Ces cigarettes était très prisées à l’étranger et notamment dans les pays pauvres. C’était une bonne technique pour prendre des photos. Lorsque je croisais des porteurs sur le sentier, après les salutations d’usage, j’offrais une de ces cigarettes qui leur apparaissait comme un luxe. Tout naturellement, je pouvais ensuite prendre les photos que je voulais. Octobre 1995, Népal: à Pashupatinath, un mendiant se réchauffe au soleil.Mars 2016 un vieil homme dans le village de Chaturale. indigent, sans ressources, il avait trouvé refuge dans la famille de mon ami Ujjwal. Il bénéficiait du gîte et du couvert. Pour rendre un petit peu le service, il balançait le petit dernier de la famille dans son berceau, lequel était suspendu par une corde. Ainsi va une jolie solidarité…Kathmandu, janvier 1999: Un vieux newar à la fenêtre traditionnelle de sa maison sur le durbar square… Les newars sont l’ethnie originelle qui a bâti Kathmandu et sa vallée. Je me suis toujours senti très proche d’eux, pour leur honnêteté et leur gentillesse.Mars 2008, au dessus de Syabru, dans le Langtang ouest, une femme tamang…Mars 2004, dans la petite école de monastique de Lo Manthang, au Mustang, c’est l’heure de la récréation. Que sont-ils devenus aujourd’hui ?Mars 2008, une petite gamine tamang dans le village de Thuman. Le village se situe juste à côté du Tibet d’où sont originaires les tamangs.Mars 2008, les gamins de Thuman. Thuman est un petit village situé en montagne à quelques kilomètres de la frontière tibétaine. Il est complètement perdu, et lorsque nous sommes arrivés dans un petit lodge pour passer la nuit, tous les gamins curieux, avides de l’étranger, nous avait entourés avec leurs rires et leurs questions. Une belle jeunesse!Mars 2005, Pashipatinath. Séquence charme avec…deux « policières », durant les fêtes de Shivaratri, à Pashupatinath.31 janvier 1999. J’assistais à un concert mythique pour moi: Marcel Azzola, Patrice Caratini et Marc Fosset ensemble, et j’étais au premier rang… non pas au New Morning à Paris mais à…. Kathmandu, en pleine guerre civile. La salle était constituée uniquement d’officiels, de diplomates, et l’ambiance était glaciale. De plus une immense fosse d’orchestre séparait le public des musiciens. Pour du jazz, c’était le comble…mars 2005 Kathmandu: les années, noires du Népal. La guerre civile s’éternisait et Gannyendra, le roi « usurpateur » régnait sans aucune cohérence ni légitimité. Les grèves générales (bandha) succédaient aux grèves générales, les militaires étaient sur leurs dents. Climat de fin de règne, lourd et opaque…2004, Kathmandu… Vers 6h du matin, ce gamin récoltait des bouteilles en plastique dans des grands sacs pour les revendre à l’usine de recyclage. Avec l’argent ainsi obtenu, il achetait de la colle pour la sniffer, pour oublier… Oublier qu’il n’avait pas de parent, pas de toit, pas de famille, pas d’amis, juste quelques compagnons d’infortune comme lui, qui trainaient comme lui dans les rues de Kathmandu.1995-2004-2007 , sur le sentier de Baguwa dans le district de Gorkha. Il était musicien, joueur de Sarangi, l’instrument traditionnel népalais, taillé d’une seule pièce dans un morceau de bois. L’instrument est frustre, à 4 cordes, mais il en jouait à la perfection. Sa femme l’accompagnait en chantant, et tous les deux se produisaient de village en village. Nous nous étions rencontrés à plusieurs reprises, sur une période de 12 ans, et mon métier de musicien professionnel en France me rapprochait de lui. Nous faisions la même chose, mais pas dans les mêmes conditions.Katmandou, 1er juin 2006. Exactement 5 ans, jour pour jour, après l’assassinat du roi Birendra dans le palais royal avec toute sa famille, la monarchie était renversée définitivement au Népal. Ce jour-là, c’était la révolution après 10 ans de guerre civile qui avait fait 50000 morts, et j’avais le privilège d’être un des très rares occidentaux présents. Cette révolution, malgré la violence des 10 années précédentes, était bon enfant, bucolique, dans le parc de Tundikhel. L’armée laissait faire… Les meetings politiques se succédaient avec les chefs maoïstes, qui annonçaient un futur meilleur… Tout le monde y croyait. La jeunesse s’agglutinait sur le toit des maisons, sur les ponts, chacun ressentait l’importance de ce jour charnière qui allait faire basculer le pays dans la République. Cette journée du 1er juin 2006 reste pour moi une journée capitale. Depuis treize ans que je vivais une partie de mon temps dans le petit royaume soumis à la guerre, j’étais à ses côtés pour cette journée charnière.Juin 2006, Katmandou, Le Vieux Marché d’Ason tole et un peu pour Kathmandu ce que les Halles pouvaient peut-être dans les années 40 à Paris. Il est extrêmement encombré, les motos circulent entre les piétons pour ravitailler quelques commerçants, mais la bonne humeur est là, et c’est un lieu de vie que j’ai toujours affectionné particulièrement dans la capitale népalaise. Incontournable.Kathmandu Juin 2006. Un conducteur de rickshaw se repose sur son véhicule. Il attend le client. C’est un des métiers les plus ingrats de Katmandou. Juste derrière lui, l’affiche de Prachanda célèbre la victoire qu’il vient d’obtenir en mars avec son parti maoïste en gagnant la révolution qui a destitué le roi. C’était la clôture de 10 ans de guerre civile qui avait fait 50000 morts au Népal. Par la suite, Prachanda est devenu premier ministre, le conducteur de rickshaw est toujours resté aussi pauvre, et la terre continue de tourner.19 septembre 2007, dans la vallée de Gorkha. Il faisait très chaud, on approchait de la fin de la journée, je me trouvais dans une campagne très frustre. Cette jeune femme très bien habillée, arborant une ombrelle bien propre, détonnait complètement avec la difficulté du long sentier que je venais de parcourir. La verdeur profonde des pousses de riz accentuait la couleur rose de ses vêtements. Un moment d’enchantement…16 novembre 1995. un des gardiens du temple d’Hanuman Dhoka, sur le durbar square de Kathmandu. Depuis le tremblement de terre de 2015, le palais de Hanuman dhoka est en cours de réfection. Mars 2008, Népal, un petit gamin tamang dans le village de Gatlang, à la frontière tibétaine.La culture du portage est multiséculaire au Népal, et les charges très lourdes. (jusqu’à 110 kilos pour des hommes qui pèsent parfois à peine 50 kilos.) Même les mules ne portent pas autant, et elles ont également une mobilité moindre sur les sentiers escarpés.2007, Vallée de Gorkha. C’est la fête de Teej, la fête des femmes. Ici, on a réuni les jeunes filles qui arrivent à l’âge de se marier. On notera au passage que c’est un homme qui fait office de meneur de cérémonie. Je ne connais pas la teneur du discours, mais je pense qu’en Occident ce serait perçu très certainement comme quelque chose de très phallocrate….2007, vallée de Gorkha, Deurali… Je te donne mon sourire. Je te donne mes rides. C’est tout ce qui me reste, mais je n’ai jamais possédé davantage. J’appartiens à la montagne, au sentier, au premières fumées qui s’élèvent du toit de mon village quand on prépare le thé du matin, quand le coq a fini de chanter. J’appartiens à la terre fumante des vapeurs de mousson… dans laquelle mes cendres un jour se mélangeront.